Les déesses dans nos têtes

Parfois je rêve d’un monde où l’apparence ne pourrait pas voiler les déesses qui vivent dans nos têtes et où on les verrait virevolter et scintiller, pudiques et mystérieuses mais grandioses et sublimes à l’ombre des charmilles. Pourquoi faut-il donc se contenter d’un visage anonyme et de prêt-à-porter quand nous incarnons secrètement tout le royaume des fées ?


Inspiré par ma chère planctoune, qui tente de vider l’océan à la petite cuillère…

Super

La grande roue ne s’arrêtait jamais, tournant sans trêve pour alimenter l’Asie en électricité. Sa silhouette massive dominait la ville et servait de point de repère à plusieurs de dizaines de kilomètres alentour.

– Laisse le tranquille Louis !

– Hé Super ! Retourne faire le hamster !

– Arrête Louis, maman dit que Super est une personne, il a des sentiments aussi.

– Il est même pas humain et de toutes façons ta mère croit que son chat a des sentiments !

La bande de gamins se mit à rire méchamment et à lancer des insultes salaces. Continue reading « Super »

ASA #6, Noël ’17

Pouné venu se promener près de mon chez moi, c’était une occasion à ne pas manquer : la première assemblée générale de l’Association des Savonneuses Anonymes. Des Savonneuses, oui, puisqu’en ces temps de revendication féministe, il est bien vu de faute-d’orthographer, j’ai décidé en toute unilatéralité – et malgré mon ambidextrie – d’accorder le mot selon la règle de la majorité.

N’ayant point trop d’idée pour une fois et n’étant guère aidée par mes co-addicts, je me suis rabattue sur une recette du livre de Léanne et Sylvain Chevallier, Je crée mes savons au naturel, L’art de la savonnerie à froid, recette que j’ai modifiée à peine un chouïa, pour remplacer le lait par du lait concentré non sucré.
Puisque mon placard à savon était désespérément vide et que j’avais de la main-d’œuvre disponnible, j’ai décidé d’en faire 2 kilos (d’huile, dont environ 3kg de savon) et donc de jouer un peu sur l’apparence. Nous avons donc réalisé 1kg (d’huile toujours) de pâte « naturelle », sans colorant et 1kg de pâte « bleue » qui est ressortie plutôt verte à cause de la forte coloration des huiles utilisées.

La trace est venue vite mais la pâte est restée suffisamment souple pour être moulée sans trop de problèmes. Nous avons fait un savon avec une ligne de garance séparant les couleurs et un motif de « vagues » sur le dessus, un autre avec des rayures verticales en utilisant un moule à séparations, décoré de ce magnifique mica bleu-vert qu’il faut que j’aille chercher absoluement chez aromazone et des fleurs bicolores agrémentées de taches de mica violet du plus bel effet.

Une semaine plus tard, les savons collaient toujours un peu à leur moule et j’ai craint qu’ils ne durcissent pas, peut-être à cause du lait concentré qui ajoutait trop de matière grasse comparé à la recette originale. Je suis quand même parvenue à les démouler sans problème et à découper les barres en savons individuels grâce à mon découpoir maison. Dès le lendemain, ils semblaient avoir séché correctement. Testés (oui, je suis totalement incapable d’attendre la fin de la cure avant de tester mes savons), ils faisaient une jolie mousse aérée.

J’ai résisté autant que possible et aujourd’hui, un mois après, j’ai enfin fait un dernier test avant d’en poser un sur le bord de mon évier : la mousse est extraordinaire, très dense et crémeuse. Pour le peu que je m’en suis servie, il semble laisser la peau bien nourrie et hydratée, à voir si une utilisation quotidienne confirme l’exceptionnelle qualité de cette recette, que je referai à n’en pas douter !

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La belle bleue !

P’tit Rex – Une Nissan djônck toute neuve !

Moi – Une quoi ?

P’tit Rex – Une djônck. Djônck !

Moi – T’écris ça comment au juste ?

P’tit Rex – Djônck, J-U-K-E. La djônckerra.

Cherchez pas, vous vous feriez mal au crâne pour rien. Profitez seulement du spectacle, c’est pas tous les jours qu’on assiste à un tel feu d’artifice neuronal. Quoique…

Le bout du bout

Whiskyi – Ouvrez grand vos oreilles, si vous voyez une voiture bleue.

Moi – Flûte, j’ai oublié mes tâtons !

Pour ceux qui arriveraient au milieu de cet affligeant récit, non, Whiskyi n’est pas synesthète, juste dysfrancique. C’est à dire qu’à cause pas bien la France et qu’il fallait donc trouver ladite voiture bleue à l’oreille. Ma mauvaise foi et un souvenir ému de Devos ont fait le reste…

P’tit Rex, les canards de l’espoir

P’tit Rex – C’est quoi déjà que t’as commandé pour le réveillon ? Des foies de canard à la sauce espérance ?

Moi – Des magrets de canard au piment d’Espelette.

P’tit Rex – Ah ouais, j’étais pas loin hein !

Moi – Tout à fait, d’ailleurs, vu de Sirius, c’est quasiment l’Espagne…

Un canard basque – Coin ! Coin ! (C’est à dire : Au secours !)

Un autre canard basque – Cua! Cua ! (C’est à dire : Ayúdame !)

PS : j’avoue, il n’y avait pas de canard à proximité, même pas de canard indépendantiste masqué et prêt à faucher les champs de maïs OGM piment AOC. Il y avait un pigeon, mais il n’a pas beaucoup participé à la conversation. Le reste de cette conversation en revanche, a réellement eu lieu. Quand je vous dis que l’ostréiculture a de beaux jours devant elle !

Le Livre !

On l’a fait 😊

Vous pouvez d’ores et déjà commander votre exemplaire de Double vue, recueil de picoNouvelles et de dessins, réalisé en duo par Sabachan et moi-même. Certains ont été publiés ici et tagués « atelier des musées » mais vous y trouverez aussi des textes et des dessins exclusifs.

Double-vue, 90 pages exceptionnelles inspirées d’œuvres d’art, disponible format poche directement auprès des auteurs, Sébastien Guido et moi-même, ou en vente sur le site blurb aux formats poche, broché et électronique !

Recueil de nouvelles et d’illustrations dessinées au stylo, « Double vue » s’inspire d’œuvres d’art classiques. Fantastiques, introspectives, légères ou passionnées, ces picoNouvelles – ou très petites histoires – vous emmènent au musée et bien au-delà. Suivez le guide !

Double vue est auto-édité, il est donc également auto-diffusé.

Aidez-nous à le faire connaître en en parlant autour de vous et en diffusant l’info sur vos réseaux sociaux. Merci ! Continue reading « Le Livre ! »

P’tit-rex déboussolé

Parfois l’huître est hargneuse, agressive, pour tout dire, elle rechigne à donner sa perle. Voire même, elle mord. Voici donc la pinctada p’tit-rex, sans muselière :

P’tit-rex – J’ai du mal à me concentrer, ils m’ont détourné la tête !

Thomas – En effet les scientifiques s’accordent a dire qu’ une rupture de la moelle épiniaire est préjudiciable a la concentration 😁

Moi – La contemplation intensive des perles aussi…

Balance ton porc

D’habitude je ne suis pas l’actualité. Mais là, j’ai eu un choc.

Ce ne sont pas quelques militantes ou personnalités qui prennent la parole mais toutes les femmes qui osent enfin nommer leurs agresseurs, des hommes qui se sont permis de les toucher contre leur volonté, qui les ont violées, parce que des siècles d’obscurantisme ont ancré dans les mentalités que la femme est un objet qui appartient à l’homme.

On est très loin d’avoir résolu le problème mais le premier pas est fait, le plus important, le plus difficile, celui d’admettre qu’il y a un problème et d’en parler. Refermer le couvercle et cacher toute cette souffrance dans l’ombre n’est désormais plus possible et je suis profondément émue et touchée d’être témoin de ce changement radical dans l’histoire.

Je ne connais pas une seule femme parmi mes amies qui n’ait subi ce type de comportement à un degré ou à un autre et je ne suis malheureusement pas une exception.

Savoir et comprendre sont deux choses bien différentes et savoir que ce que l’on a vécu n’est pas normal ne signifie pas nécessairement que l’on a entièrement conscience de ce qui s’est passé. C’est ce qui change aujourd’hui, pour les victimes comme pour leurs agresseurs et c’est une très bonne chose.

Mais ça, c’est après, lorsqu’on peut prendre le temps de réfléchir. Sur le moment, l’évolution nous a programmé.es pour réagir à une agression de trois manières possibles : le combat, la fuite ou la sidération.

On pourrait débattre de l’opportunité de chaque réaction et de leur efficacité mais la vérité est que l’on n’a pas le choix, ces réponses sont instinctives et ne peuvent pas être maîtrisées (à moins peut-être d’être un maître yogi version ninja).

Problème, la sidération est interprétée avec plus ou moins de mauvaise foi comme un consentement, ce qu’elle n’est pas, raison pour laquelle je milite pour que le consentement soit actif.

Autrement dit, si je n’ai pas dit oui, c’est non. Peut-être, c’est non. Je sais pas, c’est non. Et quand je dis non, j’attends que l’on respecte mon choix parce que oui, j’ai le droit de prendre les décisions qui me concernent et non, personne n’a le droit de décider à ma place, que ce soit l’usage que je fais de mon corps, les vêtements que je porte ou les gens que je fréquente.


Je ne veux pas rentrer trop dans les détails, je dirai juste que moi aussi j’ai eu affaire à un porc qui m’a traitée comme un objet. Ce jour-là, dire non n’a pas suffit, me débattre n’a pas suffit. Mon agresseur s’est arrêté quand j’ai arrêté de me débattre et que j’ai fait la morte, avec ce commentaire qui veut tout dire « T’es pas marrante ». Faut croire qu’on n’avait pas le même humour. Et le pire c’est que j’ai eu beau cesser de le voir après ça, et trouver que ça n’est pas normal, il ne m’est jamais venu à l’esprit que j’avais subi une agression et que j’aurai pu porter plainte. Et pourtant je vois des cas semblables au boulot régulièrement.

L’histoire ne s’arrête pas là, car ce porc là se trouvait être le père de mon enfant à naître, chose que j’ignorais à ce moment là. J’ai pris seule la décision de ne pas garder ce bébé et je ne peux pas dire que l’accueil reçu à l’hôpital ait été exemplaire. L’impression de déshumanisation me reste encore comme un malaise plus d’une décennie après, celle de n’avoir été qu’un numéro sur une liste d’opérations à accomplir avant midi, l’impossibilité de discuter avec qui que soit du corps médical et de poser les questions qui se bousculaient dans ma tête. Certaines de ces questions continuent encore de me hanter aujourd’hui car elles sont toujours sans réponses.


Je m’égare ? Je ne pense pas car ce que je veux défendre ici, c’est le droit des femmes à disposer d’elles-même. Et ne me lancez surtout pas dans un débat sur les conditions dans lesquelles les mères accouchent, je vais m’énerver.

Aujourd’hui enfin la parole se libère, avec parfois autant de violence qu’elle a été réprimée. Mais au delà des agressions qui sont punies par la loi, il y a aussi toute la violence ordinaire des injonctions de la bienséance qui veut par exemple qu’on se fasse la bise pour dire bonjour. J’ai mis 15 ans à avoir le courage de dire à mes collègues que non, je ne veux pas leur faire la bise. Et je n’ose toujours pas leur dire que si je pouvais, je ne les toucherais pas du tout parce que déjà en refusant de faire la bise je passe pour une asociale.

Au passage ça m’éviterait de me faire broyer la main par les victimes d’un complexe d’infériorité qui croient que c’est viril d’écraser les doigts des gens et ça me permettrait peut-être de porter mes bijoux sans qu’ils me cisaillent les doigts.

Le respect de soi, de son corps, de ses choix et de celui de l’autre, ça commence dès la petite enfance. Ca commence en apprenant aux enfants qu’ils ont le droit de ne pas faire la bise s’ils n’ont pas envie – mais que dire bonjour c’est nécessaire. En arrêtant de les chatouiller quand ils vous supplient d’arrêter. Et jusqu’à accepter qu’ils ne veuillent pas manger telle chose qui les dégoûte, parce que même si en tant qu’adulte vous savez ce dont ils ont besoin, ils ont aussi besoin d’apprendre à écouter leur corps et ses besoins et que leur inculquer que c’est l’adulte qui décide ce qui doit pénétrer leur corps ne me semble pas une très bonne idée.

Respecter les décisions de l’autre, ça n’est pas toujours facile mais ça s’apprend. Respecter l’autre exige une étape supplémentaire, celle de lui permettre d’effectuer un choix éclairé, en ayant connaissance des tenants et des aboutissants. Il y a là des progrès immenses à accomplir dans tous les domaines et pas seulement en ce qui concerne les agressions sexuelles.

Respecter l’autre, c’est une idée proprement révolutionnaire car cela signifie la fin du secret. La fin de l’adultère. La fin de cette culture paternaliste qui permet à quelques un de décider pour tous sous prétexte que l’on sait mieux, que les électeurs sont des cons, qu’il est vital de garder le secret.

Hé, les gens, j’ai un scoop ! Le secret tue !

Le secret, c’est celui qui permet à l’agresseur de s’en sortir, parce qu’une victime silencieuse n’existe pas. C’est vrai pour les agressions sexuelles, c’est vrai pour les politiques qui cachent leurs notes de frais, c’est vrai dans tous les domaines. Lorsque nous seront libérés de la culture du secret et que nous serons pour de vrai une société de la parole, l’humanité aura enfin grandit.

En attendant, je continuerai à l’ouvrir et à déconstruire les expressions toutes faites comme celle-ci qui nous fait tant de mal :

Qui ne dit mot consent

Kitsch mais oh so good

Et une soirée de fous rires à trouver les vidéos les plus atroces sur YT. Avec Gotainer cependant, on touche au sublime.

Au passage, je suis toujours traumatisée d’avoir vu le héro de mon adolescence, Michael Knight (et K2000) dans ce que j’ai d’abord cru être une parodie avant de m’effondrer atterrée quand j’ai compris que non, en chanteur, il se prend totalement au sérieux. La fin d’un mythe…

Pour Marie et Kitsune 😉