Histoire comme ci – Le premier chat (quantique)

boite_moutonSoit un chat (de préférence un Vrai Chat) que l’on place dans une boîte étanche en compagnie d’une fiole de cyanure qui doit se briser dès que le compteur Geiger accouplé se déclenche.

Cette torture subtile inventée par un scientifique (fou) du nom de Schrödinger avait pour but de démontrer une théorie très compliquée d’où il ressort ceci : tant qu’on ne regarde pas dans la boîte, le chat est à la fois vivant et mort.
La curiosité des chats est légendaire, celle des scientifiques ne l’est pas moins, le malheureux chat victime de cette farce s’est donc douté que tôt ou tard un autre dingue viendrait voir s’il était vivant ou non. Et là c’est 50/50. Une chance sur deux d’y passer. Le chat a donc décidé de prendre la poudre d’escampette et les circonstances aidant, il est devenu le premier chat quantique, capable de se déplacer dans l’espace et le temps et disposant de bien plus de neuf vies (puisqu’il est parti avant qu’on ouvre la boîte, il est toujours vivant et mort en même temps).

Et c’est depuis ce temps-là Mieux-Aimée que le chat est toujours du mauvais côté de la porte quand il veut nous faire enrager, même si on est sûr de l’avoir enfermé à double tour…

La horde

« Au commencement fut la vitesse, le pur mouvement furtif. Puis le cosmos décéléra, pris consistance et forme, jusqu’aux lenteurs habitables, jusqu’au vivant, jusqu’à nous. Bienvenue à toi, homo lento, homo legato, poussif tresseur de vitesse ! »

Parler de la horde est difficile. Il y a trop à dire et j’aurai la sensation de perdre la pureté du message originel en l’édulcorant trop. Pourtant cette œuvre m’a tant émue, remuée, fait réfléchir que je me sens comme une obligation de transmettre le témoin. Oui oui, œuvre, n’ayons pas peur du mot, car c’est bien plus qu’un simple livre. Outre le fait qu’un CD musical accompagne la lecture, bande-son du livre, il s’agit d’un univers en son (en soit), complet, vivant.

L’étoffe dont sont tissés les vents

S’il est difficile d’entrer dans le livre, il est impossible d’en sortir. Même à présent, près d’un an après ma première lecture (oui, je l’ai déjà relu plusieurs fois…) il me semble n’en être pas sortie.
C’est que pour étrange qu’il paraisse, « La horde du contrevent » parle de nous, de notre monde, de nos relations avec ceux qui nous entourent. Continue reading « La horde »

the elephant child

– Je voudrais bien savoir pourquoi…
– QU’EST-CE QUE TU DIS ?
– Rien rien, je n’dis rien… mais tout d’même je voudrais bien savoir…
– Viens ici qu’on t’cogne !
– Aïe, Ouille, ouillouillouille !
– M’en fiche j’ai la peau dure, ça fait pas mal… pfff ! Même pas mal !

Y z’ont beau cogner, rien n’y fait : plus on m’cogne, plus je m’interroge… Je me rappelle clairement ma première question.
J’ai six ans, je suis en CP. C’est le printemps, je rentre de l’école. Je referme la lourde porte du garage. La maison est vide, maman sera bientôt là.
Que/qui serais-je, si j’avais un frère ?

Aujourd’hui je sais : il aurait été là, tout simplement, pour moi. Et la solitude aurait eu peur, elle se serait enfuie doucement, sur la pointe des pieds, sans se faire remarquer.
Et moi je découvre seulement ce que je peux être, sans elle.
Et peut-être que si vous m’aidez à chercher, ensembles, on pourra lui flanquer la frousse de sa vie !

La foule

Elle était perdue dans la foule.
Être perdue, elle en avait l’habitude et cela ne l’effrayait pas. Elle savait pouvoir retrouver son chemin. C’était ce monstre aux mille visages qui l’oppressait, l’étouffait. Un remous dans le flot l’aurait écrasée, anéantie comme rien.

Elle restai prudemment sur le bord, longeant les larges rues de l’exposition sans se mêler aux badauds, attentive même à ne se laisser frôler par personne. Les larges étals colorés la fascinaient. De nombreux artisans venus du monde entier s’étaient rassemblés là avec leurs articles inconnus. Malgré le ciel gris les couleurs lui paraissaient plus vives et les odeurs la déroutaient.
– Ariane !
Son père la cherchait. Sa voix avait une pointe d’impatience qu’elle avait appris à reconnaître : il l’avait déjà appelée et elle ne l’avait pas entendu.
Elle se dirigea vers sa voix en aveugle. Elle aperçut bientôt sa silhouette. Il se tenait au milieu de la ruelle, forçant les gens à le contourner, et grognait en regardant de tous côtés pour tenter de l’apercevoir.
Elle prit une grande inspiration, rassemblait son courage et entreprit d’écarter ceux qui la séparaient de son père. Elle fut bousculée, injuriée, écrasée, puis un dernier remous la jeta
près de lui.
– Où étais-tu encore fourrée ? On te cherche partout. Allez viens, il y a un spectacle. Ca va te plaire, tu verras.
Elle ne devait pas avoir l’air très enthousiaste car il lui pressa l’épaule et ajouta « Allez, viens vite ». Elle se dégagea de son étreinte et le suivit lentement, traînant des pieds autant que possible.

I am many

I am many.

A child running, a wolf hopping, a maze. I am she-who-hops-after-the-sparkles-in-glee. I am the young warrior, at the top of his strength. The son of Meduselde and the daughter of Light, I am stark, waiting for winter, beloving the fall. I am living on margins, uncertain on sharp edges.

Don’t ask me who I am because I am many.

A child craving, a wolf hunting, a maze spinning. I am curling in a corner, licking my wounds in loneliness. I am laughing with my friends near a warm fire. I am calling out for answers. I am the lady-who-asks-a- very-many-questions : one elephant child. I am the cat that walks by himself, I am one of the pack. I breathe I hop I am. I’m lonely and my pack is gone. I am the child craving for attention, I am the lover safe in your arms. I am the hunter thirsty for blood. I am learned, I am wild. I am the ice and fire and the ocean wide. I am the monk embracing the whole in one mind. I am focused, I am wide :

I am spreading like…