*La grisaille ne m’atteint pas

jardin-gris

Cannelle et Luc venaient de vivre un moment agréable ensemble, dans ce petit café. Elle se laissait porter par ses sensations sans chercher à poser de mots encore sur ce qui se passait. Cela serait pour plus tard. Elle était toute entière immergée dans cet Instant.

– J’aime beaucoup ce moment, cette douceur, mais je ne ressens pas ce petit frisson d’attirance sexuelle.

Un instant déstabilisée par la déclaration franche de Luc, elle sourit, heureuse qu’il n’ait pas songé à lui mentir. Elle ressentait la même absence et le lui dit tout aussi simplement. Ils poursuivirent leur promenade côte à côte, jusqu’à un petit jardin qui réussissait à être beau malgré la bruine froide. Elle s’assit sur un banc mais Luc restait debout, à la regarder intensément. Elle ne se détournait pas et il finit par se lancer.

– J’aimerai te prendre dans mes bras.
– Avec plaisir !

Elle se leva aussitôt et s’approcha en ouvrant les bras. Cannelle n’y avait pas réfléchi, tout en elle était mouvement spontané et acceptation de l’instant. Elle se sentait bien avec Luc et aimait prendre les gens dans ses bras. En un instant elle fut contre lui et cet homme sympathique qu’elle ne trouvait pas attirant la troubla soudain. Sa chaleur, son parfum, son corps ferme qui respirait, était vivant contre elle. Elle sentit son ventre s’émouvoir et la chaleur monter. Elle avait mussé son nez contre son cou et Luc perçut sa respiration qui se faisait animale. Il resserra un peu son étreinte et laissa doucement ses lèvres se poser sur le cou que sa compagne. Sa réaction fut immédiate, électrique. Quelques instants délicieux plus tard, ils s’écartèrent, à peine. Leurs lèvres se joignirent tendrement et leurs langues se frôlèrent. Lorsqu’ils se séparèrent, ils se firent gauches un peu, laissant entre eux plus d’espace que nécessaire, comme pour compenser leur intimité soudaine. Ils avaient convenu de se retrouver plus tard, pour se masser mutuellement et ils se quittèrent ainsi, simplement, sur la promesse de se retrouver pour quelques instant de vérité paisible.

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