Miaaaaou ⸮
La mano sinistra
Discours sur l’origine de l’univers
Commençons par émettre l’hypothèse – saine lorsqu’on entreprend l’écriture d’un livre – que les mots ont un sens bien défini. Dans ce cas, prendre la question de l’origine au sérieux, saisir le mot « origine » dans son sens le plus radical, ne consiste pas seulement à tenter de décrire les phases les plus anciennes de notre univers : c’est d’abord s’interroger sur le passage de l’absence de toute chose – le néant – à la présence d’au moins une chose (ou d’au moins un être) ; c’est donc affronter d’emblée le mystère du néant et de ses métamorphoses possibles : comment le néant a-t-il pu cesser d’être le néant ? En d’autre termes, penser le commencement du monde revient rigoureusement à penser son absence, et à penser comment son absence a pu se transmuter en présence : par quelle sorte de conversion ce qui n’est rien peut-il devenir un monde ? (…)
Tout se passe en somme comme si nous ne parvenions à penser l’absence de toute chose que par la représentation de quelque chose. (…) Dans notre esprit, abolition signifie d’abord substitution : l’absence devient présence, le non-être s’habille d’être.
Tel est le paradoxe du néant, qui imprime un tour à notre réflexion : penser le rien n’est pas penser à rien ; en affirmant son existence, on le substantifie et, ce faisant, on extirpe le néant de son statut de néant.
Un petit bonheur
 Le papier déjà ressemble par sa qualité à celui qu’on utilise pour l’origami. Couleur pistache, avec des motifs exotiques d’or fin.
En entrouvrant cette seconde enveloppe, une odeur puissante de chocolat très noir s’échappe soudain et je découvre enfin la plaquette, elle aussi ornée d’un motif inhabituel. Au lieu des carrés (carrés), la découpe est toute de biais, diagonalée (Diagon Alley !), en crabe en quelque sorte voire même cancrizanne…Saturnin : L’enfariné
Bertrand – On est dans quelle rue ?
Miss Wiki – Paul Cézanne.
Saturnin – Cézanne.
Bertrand – … ?
Saturnin – Cézanne. Comme le pain… Tu connais pas la farine de Cézanne ?
Miss Wiki – … De sésame ?
Saturnin – … Ouais boâh c’est pareil !
Je sais que beaucoup de mes lecteurs n’y croient pas (pour ne pas dire aucun). Pourtant croix d’bois, croix d’fer, Je n’invente, n’ajoute ni ne retranche à ce que j’entends. Je modifie les noms, tout au plus.
Chat quantique
Petit manifeste pour l’usage du point d’ironie

Sémantique Générale ’01
L’enfant d’éléphant
Il était une fois, Mieux-Aimée, un enfant d’éléphant qui était dévoré d’une insatiable curiosité. Il posait sans cesse des questions et pour seule réponse, il se faisait cogner. Lorsqu’il demandait à son oncle Hippopotame pourquoi il avait de tout petits yeux rouges, son oncle Hippopotame le cognait. Quand il demandait à son oncle Babouin pourquoi les bananes poussent dans les arbres alors que les melons poussent par terre, son oncle le Babouin le cognait des quatre pattes et même de sa longue queue ! Un jour, alors que l’oiseau Kolo-Kolo venait apporter des nouvelles, il voulut savoir ce que le Crocrodile mange pour son repas. Ils se mirent tous à le cogner mais lui, il insistait : « qu’est-ce qu’il mange le Crocrodile ? » Paf ! « Aïe ! Qu’est-ce qu’il mange le Crocrodile ? » Paf ! et ainsi de suite, jusqu’à ce que son papa d’éléphant lui réponde : « Ha tu veux le savoir ! Et bien va donc lui poser la question ! ». L’oiseau Kolo-Kolo lui indiqua où trouver le Crocodile : près du grand fleuve Limpopo qui est tout gis-vert et tout bordé d’arbres à fièvre. Il lui arriva toutes sortes d’aventures en chemin (notamment avec un serpent Python Bicolore de Rocher). Lorsqu’il rencontra enfin le Crocodile et qu’il lui posa sa question, le Crocodile lui répondit « Vient ça petit, vient ça, je vais de le dire au creux de l’oreille… » et Gnack ! il lui attrape le bout du nez. Ah oui Mieux-Aimée, j’ai oublié de te dire qu’en ce temps là les éléphants n’avaient pas de trompe mais seulement un petit nez noiraud, courtaud, dont ils ne pouvaient rien faire. Enfin donc Gnack ! Le Crocodile attrape le nez de l’enfant d’éléphant et commence à le tirer vers le fleuve. Mais l’enfant d’éléphant ne se laisse pas faire ! Il tire, il tire (avec l’aide de son ami, le Serpent Python Bicolore de Rocher) et son nez : ça l’allonge ! Enfin voilà l’enfant d’éléphant avec un long nez (qui n’est pas vraiment une queue de devant) et qui fait un bruit de trompette… C’est décidé, c’est une trompe ! Et bien utile en plus : on peut s’asperger avec de la boue (avantage numéro 1 !) On peut aussi cueillir les melons par terre et les bananes dans les arbres (avantage numéro 2 !) Et bien sûr, on peut s’en servir pour taper quelqu’un… Et voilà l’enfant d’éléphant tout guilleret qui revient dans sa famille. Et lorsqu’ils lui posent la question « Mais mon petit, qu’est-ce que tu as là ? »… « Ah vous voulez-le savoir ! » Paf ! Paf ! Paf ! Ses parents penauds sont allés voir le Crocodile et ils sont revenus en chantant en choeur : « Un éléphant, ça trompe, ça trompe, un éléphant… »