*Cannelle

Nous étions dans un cocon de douceur. Les nuages semblaient immobiles. L’eau dévalant la pente me donnait l’illusion des montagnes mais nous n’étions pas assez haut pour observer la danse de la naissance des nuages. Blottis l’un contre l’autre, je sentais s’apaiser cette faim de chaleur humaine qui me dévorait depuis des jours, des semaines même. J’avais une curieuse sensation de déphasage, de ne pas désirer ce que je croyais désirer et d’en être pourtant sereine. Tranquillement tu m’as laissé approcher et sans effort m’apprivoiser. Nos yeux s’étaient déjà parlé, nos mains ont pris le relais, effleurant ici, caressant là… Un peu plus près, à portée de nez, à portée de bouche et d’abord chastement sur mon front tu as déposé un baiser. Ta présence emplissait tout mon être, confortable et pourtant nouvelle, étonnante d’accueil et d’acceptation. Tu m’as laissé explorer délicatement, t’abandonnant sous mes mains au milieu du jardin, me laissant masser doucement ton dos nu. Nos lèvres se sont rencontrées sans fièvre, sans combat, comme des amies longtemps perdues se retrouvent. Elles ont poursuivi le chemin tracé par nos mains, effleurant le cou, la ligne de la joue, rude sous ma peau. Soudain je me suis embrasée quand je ne l’attendais plus, tes baisers m’arrachant un soupir ardent après l’autre. Ta main câline s’est faite audacieuse, le long de mes cuisses a remonté jusqu’aux replis secrets.
Je ne t’ai pas arrêté. Emportée par le plaisir, je me suis offerte pour t’attirer plus près et ta main lutine s’est glissée sous l’étoffe. J’ai étouffé mes soupirs au creux de ton épaule, abandonnée sous tes doigts, comme un bel instrument dont tu jouais en maître. Tu m’as torturée longuement, sans qu’aucun des passants ne remarque ni ma joie ni ma douleur et enfin tu m’as délivrée, me laissant frissonnante encore des braises de mon désir. Je me suis allongée contre toi, épuisée par l’orgasme et j’ai senti ton regard amoureux par-delà mes yeux clos. Tu as posé tes lèvres légères sur mes paupières et je t’ai offert les miennes. Tu y a posé un baiser, tendrement et j’ai sombré dans un sommeil éthéré.

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illustration par Saba-chan, visitez son blog ici !

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