Été indien

J’aime le début de l’automne. Le soleil n’est plus si brûlant et l’air chauffé pendant l’été reste d’une douceur incomparable qui ne se retrouve à aucun autre moment de l’année. Les fruits d’automne mûrissent encore, on trouve des figues sucrées et des noisettes croquantes. Les parfums non plus ne ressemblent à aucun autre. Le platane exhale une senteur douceâtre dans la moiteur orageuse tandis que l’odeur âpre du figuier imprègne l’air sur plusieurs mètres à la ronde. Les odeurs sont comme l’air, rondes, chaudes, balsamiques et même la pluie qui commence est douce. Que j’aime cette saison !

Heureuse qui comme Ulysse !

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Je jure solennellement (sur ma tête de sorcière) qu’on n’a pas touché un seul cheveu de fée lors de cette mue impromptue.

I solemnly swear (and I give you my word as witch) that not a single fairy hair was harmed during this impromptu moult.

La chevelure d’or brun de Mélusine, comme les feuilles, tombe. Il n’y a pas eu de cliquetis, ni d’ombre, pas de grincement, de craquement, de cri dans la nuit. Les ciseaux étaient d’argent et le soleil haut dans le ciel.

As the leaves fall, so does the golden brown hair of Mélusine. There was no creaking, no sneaking, no shadow nor cry in the dead of night. The scissors were silver and the sun high in the sky.

Voyons le bon côté : maintenant que mes cheveux ne me volent plus dans la figure, je vais enfin pouvoir utiliser mon stock de rouge à lèvre 🙂

On the bright side, now that hair won’t fly in my mouth anymore, I’ll get to use my stash of lipstick 😉

Remove the row

Column: 1

Chanson d’automne

Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Blessent mon cœur
D’une langueur
Monotone.

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l’heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure

Et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m’emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.

Paul Verlaine, Poèmes saturniens

Column: 2

 

Autumn

The morns are meeker than they were,
The nuts are getting brown;
The berry’s cheek is plumper,
The rose is out of town.

The maple wears a gayer scarf,
The field a scarlet gown.
Lest I should be old-fashioned,
I’ll put a trinket on.

by Emily Dickinson

 

Botanique

Au fil des pages, j’ai parlé de plusieurs livres fondateurs pour moi mais je m’aperçois que j’en ai laissé un de côté qui est toujours une grande influence pour moi : le cycle des “Enfants la Terre” de Jean Auel.

On pourrait abondamment critiquer les qualités littéraires du texte je suppose mais j’avoue que je m’en fiche pas mal. Cette histoire, je l’ai découverte en Bretagne, non loin du gouffre de Plougrescant, pendant une semaine où nous fêtions en famille les 25 ans de mariage de mes parents – j’avais donc 12 ans. Continue reading « Botanique »

Pour Clémentine

Trois lettres, IVG.

J’ai parcouru le web, j’ai trouvé des sites médicaux, des sites religieux où le ton varie entre la damnation éternelle et la pitié pour ces pauvres mamans perdues, des témoignages de femmes qui ont été contraintes d’avorter, de femmes qui étaient contentes de l’avoir fait, de réactions épidermiques en tous genres. Rien de tout cela ne ressemble à la façon dont moi j’ai vécu cet épisode de ma vie et comme m’exprimer est ce qui me garde en vie, il est temps pour moi de parler de Clémentine.

Il y a dix ans et demi, j’ai commencé à me demander si je n’étais pas enceinte. J’avais toujours des saignements qui pouvaient passer pour des règles et le reste des symptômes ne m’ont pas sauté aux yeux. Dès que j’ai eu des soupçons, j’ai fait un test chez moi, positif. À partir de là j’ai vécu avec la peur au ventre. Peur d’être enceinte, peur de ne pas l’être, peur de l’avenir, peur d’en parler, peur du père aussi qui devenait agressif, peur de nuire à ma carrière qui débutait à peine et par dessus tout peur de faire du mal à cet enfant qui n’avait rien demandé. J’ai vite pris rendez-vous chez un médecin, prise de sang, échographie… J’ai entendu ce jour-là pour la première et dernière fois le battement du cœur de mon bébé, rapide, si rapide ! Mais j’étais déjà dans la 13ème semaine, presque à la limite légale des possibilités de mettre fin à cette grossesse et il m’a fallu prendre ma décision dans l’urgence, malgré un courrier du médecin expliquant ces circonstances qui a permis de prolonger le délai pour garder une semaine de réflexion. Je savais déjà que je ne pouvais pas élever cet enfant, non pas que je ne l’aime pas, au contraire, je me sentais remplie d’amour pour ce bébé qui m’accompagnait depuis déjà trois mois. Mais je me sentais tellement malheureuse ! À 24 ans, je regrettais d’être née et je n’allais pas infliger ça à un petit innocent. Je n’étais qu’à moitié vivante, comment aurais-je pu donner la vie ? J’aurais été une mère épouvantable et j’aurais sans doute dû me battre contre son père en permanence. Je n’ai même pas eu le courage de lui parler tant j’en avais peur.

Je suis donc allée un soir à l’hôpital pour y être opérée sous anesthésie générale le lendemain matin. J’ai retenu les questions que je voulais poser à l’infirmière qui est venue me chercher et personne ne m’a demandé si j’en avais. Et j’en avais, j’en ai toujours. Que s’est-il passé ce matin là ? Qu’est devenu le corps de mon enfant ? A-t-il souffert ?

Trois jours plus tard, je retournais bosser comme si de rien n’était, sans avoir rien dit à personne.

Je n’ai jamais douté de ma décision, j’ai fait le meilleur choix pour cet enfant et pour moi. Et j’ai oublié, pendant dix ans. Jusqu’à ce qu’une conversation avec un ami m’en ramène le souvenir, douloureux. Ce n’est qu’à ce moment-là que je me suis enfin autorisée à pleurer, comme si le fait que c’était mon choix m’ait jusque-là interdit d’avoir des émotions. Mais non, ce choix, je ne l’ai pas fait uniquement pour moi, je l’ai fait pour mon enfant, parce-que j’étais et je reste convaincue que c’était le mieux, que je l’aurai rendu misérablement malheureux. Dix ans après, j’ai enfin éprouvé toute la tristesse et la douleur de ne jamais avoir serré mon bébé dans mes bras, de ne jamais pouvoir le voir rire, pleurer, courir, jouer, revenir vers moi pour être consolé, s’élancer et devenir un adulte adorable, plein de défauts et de merveilleuses qualités. J’ai éprouvé toute la honte et la culpabilité de n’avoir pas été capable d’être une mère. J’ai enfin fait le deuil de ce bébé qui n’a jamais vu le jour. J’ai accepté cette impression fugace que c’était une petite fille, cette image qui m’a hantée depuis toutes ces années, je lui ai choisi un nom, Clémentine. J’ai fêté son dixième non-anniversaire. Et je lui ai dit au revoir. Au revoir et pas adieu car elle ne m’a jamais quittée, elle est là, près de moi, je sens qu’elle veille, je sens son amour aussi, souvent.

J’aurais pu être engloutie par la douleur, heureusement j’ai appris à travailler mes émotions et après avoir laissé libre cours à mon chagrin, après m’être autorisée à ressentir tout cela, j’ai appelé l’EFT à la rescousse. Je suis en paix avec mon histoire aujourd’hui et j’apprends enfin à être une maman, malgré en l’absence de ma fille. Ça commence ici, maintenant, avec ce témoignage. Ça commence en répondant « plus maintenant » quand on me demande si j’ai des enfants. Ça commence en admettant que j’aurai pu avoir une fille, qu’elle s’appelle Clémentine, en acceptant que j’aurai pu être mère. En acceptant de l’aimer et de parler d’elle.

La vie c’est comme une orange…

Il m’arrive souvent des trucs bizarres…

Celui-là m’a curieusement réconfortée. J’avais passé une soirée agréable en bonne compagnie et comme ça m’arrive trop souvent, je me suis laissée emporter par la discussion et… j’ai raté le dernier train. J’en étais fort marrie d’autant mon chéri s’était déplacé pour me raccompagner et qu’il était venu pour rien puisqu’il se retrouvait précisément dans le tain que je venais de rater. Après avoir pesé les mérites comparatifs du taxi et du bus, je me suis résignée à poireauter à un arrêt du noctilien qui allait à peu près dans la bonne direction (et surtout aucun taxi ne semblait vouloir venir vers moi).

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Ce jour-là

C’était un jour semblable à tous les autres jours. Un jour gris, un jour d’ennui. J’étais malade depuis longtemps déjà et c’était ma première sortie. Il faisait froid et le timide soleil d’hiver ne réchauffait pas vraiment. Pour vaincre l’ennui lancinant, j’avais décidé enfin d’apprendre à coudre.
Pour potasser mon sujet, je voulais acheter une « somme » qui me permettrait de débuter. En sortant de ma séance de kiné, moulue mais détendue, j’allais donc au centre commercial voisin. Je passais devant une boutique qui vendait quelques livres : je savais qu’ils n’avaient pas ce que je cherchais mais ils vendaient aussi des huiles essentielles et j’en profitait pour faire le plein d’odeurs.
Au rayon bouquins, sans surprise, rien sur la couture mais un petit volume un peu jaune, dont le titre racoleur m’attira : pour les gens intelligents qui ne se trouvent pas doués ? Vraiment ? Tiens, tiens !
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Les poissons aussi font leur nid…

 

Mon Nenuphar était bien malade il y a quelques semaines. Il ne mangeait plus du tout, restait inerte au fond de son bocal au point que j’ai cru plusieurs fois que c’était la fin. Les symptômes laissaient supposer un oodinium, j’ai donc suivi les conseils prodigués dans ce forum. J’ai traité l’eau plusieurs jours et j’ai constaté avec soulagement que mon poisson reprenait du poil de la bête (si j’ose dire). Voyant qu’il allait bien (comme lorsque je l’ai acheté) je me suis dit que j’allais franchir le pas et couper des frisottis au bout de sa nageoire dorsale qui avaient l’air de le gêner. Il est resté apathique toute une journée puis il s’est remis à « faire le petit chien » en me voyant. Depuis il va de mieux en mieux et aujourd’hui il m’a fait son premier nid de bulles ! Un petit bonheur que je voulais partager avec vous et vous remercier de bons conseils que j’ai trouvé ici

Nenuphar
Et oui ! Mon Nenuphar, sauvé d’une mort certaine est prêt à faire des bébés : je sais, je bêtifie, j’suis trop fière !

Thomas

I never knew I would miss you so when you said you’d go. 
We were not lovers, we never even acknowledged we were friends but we spent seven hours a day, five days a week together, wandering aimlessly in the streets of our city. We talked and laughed, we said the most silly things and discussed the meaning of the universe. We were silent together. 
Now I miss you, you go to work with someone else. Do you laugh together ? Are you silent together ? 
Every day I see a ghost of you, acting like you, speaking like you would, fading, as soon as I look at you. You were the first of our kind I met and as such you will always be special to me. I remember fondly, sadly, the days that will be no more.

Tu es parti.
Même tes silences me manquent.
C’est maintenant, avec ton absence comme un trou béant là ou se trouvait un chêne solide que je m’aperçois de la place que tu avais pris dans ma vie. Nous n’étions pas amants, j’ignore même si nous étions amis. Non, nous passions seulement ensembles nos heures d’ennui, à rouler sans but, équipiers.
Oui, ce sont tes silences qui me manquent le plus, ceux qui montraient bien que tu comprenais à demi-mot ce que je n’osai pas dire. Les autres ont retenu ce grain de folie qui nous rapprochait aussi. Mais aucun d’eux ne comprend cette douleur lancinante, ce vide que tu as laissé.
Comment sauraient-ils que chaque moment avec eux, je vois ton fantôme agir, réagir, rire. Ils ignorent que chaque feu qui passe au vert me donne envie de hurler « Une grenouille » à ta mémoire, me donne envie de pleurer car tu dis maintenant cela à d’autres.
Les jours où nous errions sous la pluie, silencieux, sont révolus. Te souviens-tu de ces moments ? Ton nouvel équipier saura-t-il se taire quand tu cherches tes mots ?

Farewell, Thomas, my partner, my friend,
I will always love you.